What's the bit… -lit?

Suite à mon intervention fracassante sur le fil de Llorona on the rocks, un petit point sur ce que j'ai pu observer de ce que nous appelons "bit-lit" en France.

Les codes de la bit-lit, dans sa vision la plus stricte:

• personnage principal féminin,
  
• univers contemporain (le nôtre généralement, traité de façon fantasy/fantastique), voire avec une légère anticipation (Kate Daniels, Rachel Morgan…),
  
• présence de créatures surnaturelles (qu'elles soient connus du grand public ou non – parfois, l'héroïne découvre leur existence dans le récit)
  
• narration à la première personne du singulier, temps passé,
  
• triangle (ou autre figure géométrique avec des côtés) amoureux (qu'il soit mis là pour correspondre aux codes ou créer pour servir l'histoire)
  
• auteur féminin
  
• héroïne rebelle à l'autorité (et, très souvent, qui est une bête en combat)
  
• références à des marques, des personnes connues… afin de mieux inscrire dans notre réalité et de faciliter l'identification.
  

Voilà… Si questions, commentaires, ou réfutation(s) d'un point (ou de plusieurs), le fil de discussion est ouvert!

Ah, y a pas de triangle amoureux (ni autre figure géométrique) dans Llorona ! Et ce n'est pas contamment à la première personne.

Question : les "créatures surnaturelles" croisées ne sont-elles pas presque exclusivement des vampires, thérianthropes, et affiliés de très près (des trucs qui mordent, quoi) ?

Encore une fois, ça dépend. Dans pas mal de séries, oui, ne le cachons pas.
Dans d'autres, les vampires sont une communauté parmi d'autres (Mercy Thompson, Les Sœurs de la Lune – dont une des sœurs est vampire, mais elle arrive en dernier et après une sœur sorcière et une autre changeforme et en sachant que les trois sont mi-humaines, mi-fées: un grand et joyeux melting-pot, quoi!).
Enfin, dans Kate Daniels, les créatures appelées vampires sont en fait des êtres humains nécroanimés aux ordres d'un nécromants qui doit garder un contrôle permanent dessus, sinon ces créatures se transforment en berserker qui ne pensent qu'à massacrer et boire le sang: aucune conscience, pas vraiment glamour et absolument pas de "personnages": ils ne sont que des outils, comme une épée enchantée (et encore, je soupçonne l'épée d'avoir une conscience).

Il y a aussi des séries où le grand ténébreux vampire est remplacé par le grand ténébreux démon: ça reste grand et ténébreux, mais ça ne mord pas (Morgane Kingsley…).

Et si, pour expliquer aux profanes ce qu'est la bit-lit, on annonce BIT-LIT = BUFFY, c'est vexant et réducteur pour les amateurs du genre, ou c'est un bon résumé de la chose?

C'est un peu réducteur, mais un bon exemple. Toujours mieux que Charmed…

Bien que Charmed respecte davantage un point que j'ai oublié de citer car il est plus subjectif. Un jour (bon, Imaginales 2009), une grande dame de la bit-lit a très bien résumé l'essence de ce sous-genre: "Une histoire où résoudre les soucis du quotidien est aussi important et compliqué que de combattre les démons."
Ou quelque chose d'approchant.

Oliv a écrit:

Et si, pour expliquer aux profanes ce qu'est la bit-lit, on annonce BIT-LIT = BUFFY, c'est vexant et réducteur pour les amateurs du genre, ou c'est un bon résumé de la chose?

Nan, c'est vexant et réducteur pour les amateurs de Buffy, m'enfin !

(et pis Buffy c'est pas des livres)
Anne Rice fait figure de "précurseur", surtout sa série avec des sorcières.

En fait, c'est de la chick-litt dans un univers SFFF, généralement fantastique, plus rarement SF ou fantasy.

chick-litt = "pour filles", allant de Bridget Jones, Le diable s'habille en Prada, aux harlequinades.

("chick" étant un surnom pas forcément très flatteur pour désigner les filles, comme nana/nénette, poulette, voire dinde ou pintade, en français).

Et donc il est aussi important de sauver l'univers/la race humaine que de savoir se maquiller et rester bien coiffée en toutes circonstances.

Hum… Ça, c'est la version réductrice (autant que de dire que dans la bit-lit, il n'y a que des vampires bôgosses qui se font l'héroïne) qui fait que les gens crachent sur la moindre affiliation d'un roman ou d'une série qu'ils apprécient au sous-genre "bit-lit".
C'est aussi la construction officielle du terme selon Bragelonne-Milady… Et la raison pour laquelle je leur en veux (un peu) malgré leur bonne initiative.

Dans Llorona, Eva se fiche comme d'une guigne de son apparence, c'est une pro avant tout. Elle cherche donc l'efficacité.

Nessae a écrit:

C'est aussi la construction officielle du terme selon Bragelonne-Milady…

Visiblement le terme a été inventé par les Français (Bragelonne/Milady ?), parce que l'anglais semble l'ignorer superbement...
http://en.wikipedia.org/wiki/Anita_Blake:_Vampire_Hunter

Citation :

The initial novels were classified as crime fiction, alternate history (a subset of science fiction), fantasy, or horror.

Citation :

Twilight is a series of four vampire-based fantasy romance novels by American author Stephenie Meyer.

True Blood n'est affilié à rien de particulier à part les vampires...

Nedeleg > Oui, c'est bien ce qu'il me semblait en lisant le pitch et en regardant la couv!
En tout cas, hâte qu'il sorte, celui-là! =^.^=

Sand > Euh, c'est ce que j'ai dit, non? ^^;

non, ce n'est pas ce que tu dis ^^
tu le dis comme si Milady déformait le terme, mais si c'est eux qui l'ont inventé, ils sont les mieux placés pour en donner la définition ^^ (et non pas une définition)

En revanche chick-lit existe bien
http://en.wikipedia.org/wiki/Chick_lit

Nedeleg a écrit:

Dans Llorona, Eva se fiche comme d'une guigne de son apparence, c'est une pro avant tout. Elle cherche donc l'efficacité.

Heu, je prenais un exemple, ce n'est pas que l'apparence, c'est l'esprit "rester féminine tout en poutrant du zombie" (ou autre) en général, et réduisant la féminité aux pires stéréotypes genrés (séduire son amoureux, donner le biberon le cas échéant, faire les courses... Le quotidien habituel d'une "fille").

Ah oui, ma phrase pouvait se comprendre dans les deux sens, désolée.
Mais "bit-lit" est un terme bien français, et regroupe des romans qui appartiennent à des sous-genres différents d'après les catégories américaines.

Quant à "chik-lit", c'est un terme 100% USA (de ce que j'en sais, je ne me suis pas trop intéressée à ce type de littérature…).

Sand a écrit:

Nedeleg a écrit:

Dans Llorona, Eva se fiche comme d'une guigne de son apparence, c'est une pro avant tout. Elle cherche donc l'efficacité.

Heu, je prenais un exemple, ce n'est pas que l'apparence, c'est l'esprit "rester féminine tout en poutrant du zombie" (ou autre) en général, et réduisant la féminité aux pires stéréotypes genrés (séduire son amoureux, donner le biberon le cas échéant, faire les courses... Le quotidien habituel d'une "fille").

Et puis personne n'essaie de convaincre personne que Llorona est de la bit-lit, du moins ce n'est pas ainsi que je l'ai compris.

Personnellement, ce sont les étiquettes, et les sous-genres en particulier, que je trouve réducteurs. Pour énumérer les caractéristiques d'un sous-genre, on en vient forcément à donner l'impression d'une série de poncifs, comme si tous ces livres partaient de la même idée sans la moindre originalité. Donc, quelle que soit la définition, ça ne me donne jamais envie. (Ne serait-ce que ça "écrit par des femmes" comme si les femmes étaient les seuls à pouvoir se placer dans la peau de personnages féminins et à écrire pour d'autres femmes.)

Bien d'accord !

Les personnages féminins de George Martin, de Didier Quesne, de Jean-Michel Calvez, de Nicolas Cluzeau (par exemple) sont crédibles, pas caricaturaux, passionnants, attachants.

Et à lire toutes ces définitions, on a vraiment l'impression que la bit-lit ne parle pas de femmes, d'ailleurs, mais de "filles" telles que définies par le patriarcat.

Nedeleg a écrit:

Et à lire toutes ces définitions, on a vraiment l'impression que la bit-lit ne parle pas de femmes, d'ailleurs, mais de "filles" telles que définies par le patriarcat.

Spafaux.
Néanmoins, l'impression que ça me donne avant tout, c'est qu'en fin de compte, la bit-lit, c'est un peu comme le manga français, ça n'existe pas (ou seulement sous la forme d'une étiquette bien pratique pour ranger ensemble des bouquins qui n'ont pas forcément des masses de points communs).

Sand a écrit:

Nedeleg a écrit:

Dans Llorona, Eva se fiche comme d'une guigne de son apparence, c'est une pro avant tout. Elle cherche donc l'efficacité.

Heu, je prenais un exemple, ce n'est pas que l'apparence, c'est l'esprit "rester féminine tout en poutrant du zombie" (ou autre) en général, et réduisant la féminité aux pires stéréotypes genrés (séduire son amoureux, donner le biberon le cas échéant, faire les courses... Le quotidien habituel d'une "fille").

On ne peut pas vraiment dire qu'il y ait beaucoup de "quotidien" dans Llorona non plus. En tout cas pas le "quotidien habituel d'une fille"

Nedeleg a écrit:

Les personnages féminins de George Martin, de Didier Quesne, de Jean-Michel Calvez, de Nicolas Cluzeau (par exemple) sont crédibles, pas caricaturaux, passionnants, attachants..

Sans compter que les personnages masculins des auteurs féminins ne sont pas moins crédibles que ceux des auteurs masculins (parce qu'il y a le revers, aussi)