Ayant souscrit lors de la rentrée littéraire des petits éditeurs aux Buttes Chaumont, j'ai eu le plaisir de recevoir mon exemplaire de
Présumé Coupable ce samedi. Plus exactement, c'est mon homme qui l'a réceptionné, puisque je me trouvais à Cidre et Dragon, mais comme j'avais lu les premières pages de cette novella sur le site de l'éditeur Griffe d'Encre, je crevais d'impatience de lire la suite, et savoir le paquet arrivé (grâce au téléphone) m'a fortement réjouie.
Ce matin, donc, prenant prétexte de mes nombreuses douleurs musculaires (fallait pas danser comme une folle pendant les concerts de Stille Volk et d'Omnia, mais tant pis, c'était trop bon), je me suis donc installée confortablement sous ma couette, avec ma siamoise contre le flanc et mon
Présumé Coupable (PC pour les intimes, et ça me va vu que je ne suis pas branchée Mac du tout) dans les mimines.
Et je l'ai dévoré d'une traite, postfaces et coulisses y compris, sans parvenir à le lâcher... même quand il m'a fallu me relever pour aller chercher un paquet de kleenex.
Parce que j'ai pleuré, ça oui ! C'est tellement prenant, émouvant ! Des larmes d'empathie, de compassion. De frustration, aussi, causée par l'impuissance. De libération, peut-être - celle qui vient lorsque l'on fait l'effort de comprendre, lorsqu'on vous en donne les moyens, si bien que la colère et le sentiment d'injustice peuvent se reposer enfin (et cela même si une phrase de Maître Mô, dans sa Postface, m'a remise en alerte, car qui jubile d'infliger ne peut, ne sait aimer, oui, aussi ne les confondons pas).
Il est très difficile de vous parler de PC sans sombrer dans le spoiler. Ce serait vraiment vous gâcher votre lecture, agir comme une sauvage, une brute. On n'arrache pas l'armure de papier du narrateur. On doit lui laisser le temps de l'effeuiller pour vous, page après page, jusqu'au plus intime de ses secrets, de sa souffrance. Il vous y mènera avec pudeur et délicatesse, mais sans mensonges (les mensonges, il les réservera aux autres, tous ceux de l'arrière-plan, eux qui le brûleraient s'ils savaient).
Tout ce que je peux vous dire, c'est que
Présumé Coupable est de ces textes rares, mais nécessaires, qui contribuent à l'élévation de l'âme. J'aimais déjà l'auteur Isabelle Guso pour l'élégance et la poésie de sa plume, à présent je lui voue une admiration sans borne pour la hauteur de sentiments dont elle a fait preuve en écrivant cette novella. Rien à voir avec les leçons que les bobos nous assènent à longueur de temps. On a là un véritable bijou d'humanité vraie. L'humilité de celle qui n'a tenté que de comprendre en déplorant sa propre incapacité à proposer un remède. L'intelligence de celle qui pose les vraies questions, soulève les vrais problèmes, et nous propose simplement d'y réfléchir à notre tour.
Peut-être que si les gens de pouvoir réfléchissaient davantage de la sorte, se posaient davantage les vraies et bonnes questions, notre société actuelle s'en porterait mieux.
Je suis parfaitement consciente du fait que
Présumé Coupable aborde un sujet brûlant, tabou, et que peut-être bien des gens éprouveront, pour l'oeuvre et l'auteur, la violence du rejet épidermique. Je souhaite que ce genre de réactions soit rare, car je veux croire que les lecteurs sauront se montrer aussi intelligents, sensibles et humains que l'auteur.
L'intelligence du coeur, oui. Celle qui peut tous nous grandir.
Je crois que je n'avais plus ressenti tout ça depuis
Parleur, chronique d'un rêve enclavé d'Ayerdhal.
Deux ouvrages que je vais ranger côte à côte, dans ma blibliothèque et dans mon coeur.
Présumé Coupable, Isabelle Guso, éditions Griffe d'Encore. Encore en souscription :http://www.griffedencre.fr/catalog/product_info.php?products_id=125