Précisions générales sur la ligne éditoriale

Je devais le faire depuis longtemps. Puisque j'ai eu le temps d'y réfléchir, cet après-midi, dans le train, je vous livre enfin quelques précisions quant à la ligne éditoriale des éditions Argemmios.

En substance, lorsque je parle de ligne éditoriale exigeante, je veux dire que pour Argemmios, une histoire intéressante ne suffit pas. La forme aussi est importante, pour nous.

Nous sommes exigeants en matière de style, de maîtrise de la langue française, de qualité littéraire (les fautes de frappe, on s'en fiche. En revanche, mal maîtriser la syntaxe et le sens des mots, c'est plus gênant).

Nous attendons des auteurs qu'ils vérifient leurs sources et effectuent leur travail de recherches préliminaires, pour ne pas écrire de contre-vérités, d'anachronismes, d'erreurs scientifiques etc. Personne ne pouvant posséder de culture générale universelle, il faut penser à avoir le réflexe de vérifier ses affirmations. A notre époque, avec internet, c'est plus facile qu'autrefois. Ne pas hésiter à consulter des spécialistes. En tant qu'auteur, j'ai déjà été amenée à contacter des musées pour parler avec des conservateurs, voire des chercheurs, afin qu'ils me renseignent sur des domaines que je ne maîtrisais pas. Les forums, les listes de discussions peuvent aussi permettre de recueillir la connaissance sur des sujets précis.

Si les éditions Argemmios étaient un restaurant, elles auraient vocation de faire vibrer les papilles des gourmets. Mais comme elles ont aussi le sens de la famille, elles ont prévu des menus enfants

Nous voulons des auteurs ayant à la fois de bonnes histoires à raconter et une voix propre, un style, une personnalité. Des auteurs et des textes à déguster.

Ne croyez pas, cependant, que nous méprisons les textes moins ambitieux. Simplement, nous préférons laisser à d'autres éditeurs, qui en ont fait leur ligne éditoriale, le soin de les publier.

(Petit ajout : à la lecture de ce qui précède, vous imaginez en quelle estime je tiens les auteurs de nos collections : antho, romans, recueils, novellas etc. Mais je ne le leur dirai pas trop souvent ni trop fort, sinon, après, ils ne voudront plus m'écouter et ils me demanderont des à-valoir monstrueux )

Allez, je rajoute quelques précisions.

Je suis une personne exigeante et perfectionniste. Envers les autres autant qu'envers moi-même. En tant qu'auteur, je cisèle. En tant que directrice littéraire, je cherche à mettre en valeur les textes que l'on m'a confiés. Je cherche à les rendre exempts de reproches, autant que possible. Oui, je pinaille parfois. Oui, j'agace. Parce que si, au moment de la sélection, je m'intéresse à la globalité ainsi qu'au potentiel, au moment de la direction littéraire, je m'attache aux plus petits détails, pour que justement le potentiel pressenti puisse briller de tous ses feux.

Le résultat plaira ou pas aux lecteurs : pour ça, je n'ai pas de contrôle, de garantie, et même le meilleur des textes ne fera jamais l'unanimité. Mais au moins, nul ne pourra dire, des textes que nous publions, qu'ils contiennent des énormités, des fautes flagrantes, que le travail éditorial a été quasi inexistant, et j'en passe.

Pourquoi cette précision ? Eh bien, pour annoncer d'emblée la couleur. Même les textes "coups de coeur" feront l'objet d'un travail minutieux de ma part. Si, en tant qu'auteur, vous n'êtes pas disposé à le vivre, si cette simple idée vous hérisse le poil, si vous attendez de votre éditeur qu'il publie votre texte "en l'état"... alors, ne m'envoyez pas de manuscrits, je ne suis pas la bonne personne pour vous.

Attention : je ne suis pas psycho-rigide. Lorsque je soulève un lièvre, j'accepte tout à fait que l'auteur cherche à me convaincre que son point de vue est le meilleur. Et il arrive très souvent que, de ces échanges, je sorte convaincue par les arguments de l'auteur. Mais il arrive aussi que l'auteur, face à ce lièvre, dise "oups ! celui-là, je ne l'avais pas vu". Comme je ne peux pas savoir à l'avance, je me dois de soulever tous les lièvres. C'est long, c'est fastidieux, mais ce n'est jamais inutile... si l'auteur joue le jeu.

Ce n'est pas toujours le cas. Certains auteurs me donnent parfois le sentiment de confondre direction littéraire et "correcteur orthographique un poil plus intelligent que celui de Word". On m'a déjà retiré des textes, sur lesquels j'avais passé beaucoup de temps. Or le temps, j'en ai trop peu, je ne veux plus le gaspiller.

Ce qui me réconforte, heureusement, ce sont les auteurs qui me disent merci. Et les lecteurs qui ont pris du plaisir avec nos publications.

Je viens de lire tout ça...

Je me demande encore comment j'ai pu être selectionné... et cela me rend d'autant plus nerveuse pour l'AT d'Odin...

Mais bien sûr je comprens tout à fait qu'un éditeur soit exigent

En tant qu'auteur, je plussoie++ sur la pertinence et la finesse des remarques, ainsi que sur l'ouverture d'esprit de Nedeleg.
Re-travailler un texte avec elle est un vrai plaisir.

Le problème est qu'il y a encore beaucoup de gens qui écrivent sans accepter que leur texte ait besoin d'autre chose qu'une re-lecture orthographique.
A eux, je conseille de ne soumettre qu'aux AT qui prennent le texte en l'état (e.g. les concours et la plupart des revues de littérature "blanche").

Ceci m'a amenée à douter. Les corrections pour l'AT Changelins ont-elles été envoyées ? Si oui, je n'ai pas reçu la mienne

Si ça peut te mettre à l'aise, je viens de retravailler un texte avec un éditeur de façon très longue et très pointue et on a eu de très longs échanges. Pour ma part, j'en suis super contente et j'ai cru comprendre qu'elle aussi.
Si déjà la critique constructive est plus utile qu'un acquiescement béat, c'est encore plus le cas quand il s'agit d'un échange avec l'éditeur. ET si l'éditeur prend le temps de relever le plus de choses possibles et mieux encore d'en discuter, nous autres auteurs ne pouvons qu'en être très contents.



Que cela te mette à l'aise pour la correction de mon texte qui, de par sa structure même, appelle à mon avis de nombreuses corrections... qui seront d'autant plus difficiles à faire que le texte est un brin spécial.

je n'ai pas non plus des nouvelles des corrections...

ça va je ne m'en fait pour ça, mais de lire ce texte m'a fait me rendre encore plus compte de la chance que j'ai d'avoir été selectionnée et du coup je doute sur mes capacités à produire , par le futur, un autre texte qui plaise

de mon côté je viens d'avoir les premiers échanges pour la correction de mon texte pour le projet transition et je dois dire qu'en plus des quelques fautes oubliées, la remise en question a été utile sur certains points de vue... quand on écrit, "on a le nez dedans" et on ne voit pas des choses évidentes souvent... imprécisions, incompréhensions, opposition...

je pense (j'espère lol) qu'un bon texte peut être choisi même s'il contient des maladresses et que le retravailler peut permettre de faire sortir le meilleur... c'est là tout le talent des bons éditeurs à mon avis car l'excellence est rarement de ce monde...

donc oui à la lecture et à la correction en tandem

Pas encore envoyé les corrections pour Changelins. On est sur d'autres dir lit en ce moment, pour les parutions du second semestre 2009. Changelins est prévu pour le premier semestre 2010, donc les corrections arriveront fin 2009

Ça me paraissait un peu court comme délai ^^
Mais j'ai déjà été surprise par la rapidité des réponses alors je préférais poser la question que d'être la seule à ne pas renvoyer ses corrections

Au fait, si on a détecté quelques faiblesses dans le texte qu'on voudrait corriger soi-même d'ici-là, est-ce possible ? (En mode suivi des corrections pour que vous sachiez ce qui a été modifié)

C'est possible mais pas avec le mode suivi des corrections (je ne l'aime pas du tout). Suffit de surligner en gris ce que tu as modifié, pour notre info