Vos Questions sur l'AT "Chants de Totem"

J'ouvre donc le topic.

Je pense que tu peux t'en inspirer mais garde un lien même ténu avec les Indiens d'Amérique du Nord.
Une transposition est possible, mais si tu narre les chroniques d'une tribu interstellaire extraterrestre ayant par pure coïncidence l'esprit des champs galactiques, tu seras hors sujet.

Le but de ces anthologies est aussi de faire découvrir.

- Faire découvrir des auteurs (eh oui, y a des p'tits nouveaux qui écrivent drôlement bien et font de chouettes histoires)

- Faire découvrir des mythes peu connus.

Donc oui, le côté mythologie/légende est important, même pour les indiens.

Mais ce sont ces légendes et ces mythes qui fondent leur manière de voir et concevoir le monde. Donc si tu te documentes bien, tu trouveras le mythe ou la légende sur laquelle tu pourras appuyer ton histoire.

Je laisse beaucoup de temps aux auteurs JUSTEMENT parce que je veux qu'ils puissent se documenter, comprendre le mythe qui les interpelle, comprendre la "pensée" qui se cache derrière, afin de mieux jouer avec.

Où trouver ces mythes et légendes ? Pas forcément besoin d'aller chercher dans des ouvrages universitaires. Parfois, un livre de contes et légendes (ex. chez Nathan ou chez Gründ) peut donner l'idée de base et les pistes à creuser

Une histoire, vrai ou pas je n'en sais rien, sur la philosophie des hommes des grandes plaines :

Seattle (1786?-1866) est avant tout le nom d'un grand chef indien des tribus Dumawish et Suquamish. Il est connu en particulier pour son discours de 1854 lors de négociations avec le gouvernement des Etats Unis, dans lequel il exprimait son refus de vendre les territoires indiens.
L'authenticité des mots est contestée, et il existe au moins trois versions du texte. Grâce aux notes prises par le docteur Henry Smith, négociateur du gouvernement, une première version fût publiée dans le Seattle Sunday Star en octobre 1887. Celle qui fait aujourd'hui figure de référence date des
années 70.




Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ?
L'idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l'air et le miroitement de l'eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ? Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple. Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d'insecte sont sacrés dans le souvenir et l'expérience de mon peuple. La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l'homme rouge. Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu'ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n'oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l'homme rouge. Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos sœurs; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney, et l'homme, tous appartiennent à la même famille. Aussi lorsque le Grand chef à Washington envoie dire qu'il veut acheter notre terre, demande-t-il beaucoup de nous. Le Grand chef envoie dire qu'il nous réservera un endroit de façon que nous puissions vivre confortablement entre nous. Il sera notre père et nous serons ses enfants. Nous considérons donc, votre offre d'acheter notre terre. Mais ce ne sera pas facile. Car cette terre nous est sacrée, Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n'est pas seulement de l'eau mais le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu'elle est sacrée et que chaque reflet spectral dans l'eau claire des lacs parle d'événements et de souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l'eau est la voix du père de mon père. Les rivières sont nos frères, elles étanchent notre soif. Les rivières portent nos canoës, et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, vous devez désormais vous rappeler, et l'enseigner à vos enfants, que les rivières sont nos frères et les vôtres, et vous devez désormais montrer pour les rivières la tendresse que vous montreriez pour un frère. Nous savons que l'homme blanc ne comprend pas nos mœurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c'est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin. La terre n'est pas son frère, mais son ennemi, et lorsqu'il l'a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l'oubli. Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des choses à acheter, piller, vendre comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu'un désert.Il n'y a pas d'endroit paisible dans les villes de l'homme blanc. Pas d'endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement des ailes d'un insecte. Mais peut-être est-ce parce que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles. Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l’homme ne peut entendre le cri solitaire de l’engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d'un étang la nuit ? Je suis un homme rouge et ne comprends pas. L'Indien préfère le son doux du vent s'élançant au-dessus de la face d'un étang, et l'odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi, ou parfumé par le pin pignon. L'air est précieux à l’homme rouge, car toutes choses partagent le même souffle.
La bête, l'arbre, l'homme. Ils partagent tous le même souffle.
L'homme blanc ne semble pas remarquer l'air qu'il respire. Comme un homme qui met plusieurs jours à expirer, il est insensible à la puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l'air nous est précieux, que l'air partage son esprit avec tout ce qu'il fait vivre. Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle a aussi reçu son dernier soupir. Et si nous vous vendons notre terre, vous devez la garder à part et la tenir pour sacrée, comme un endroit où même l'homme blanc peut aller goûter le vent adouci par les fleurs des prés. Nous considérerons donc votre offre d'acheter notre terre. Mais si nous décidons de l'accepter, j'y mettrai une condition : l'homme blanc devra traiter les bêtes de cette terre comme ses frères. Je suis un sauvage et je ne connais pas d'autre façon de vivre. J'ai vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l'homme blanc qui les avait abattus d'un train qui passait. Je suis un sauvage et ne comprends pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister. Qu'est-ce que l'homme sans les bêtes?. Si toutes les bêtes disparaissaient, l'homme mourrait d'une grande solitude de l'esprit. Car ce qui arrive aux bêtes, arrive bientôt à l'homme. Toutes choses se tiennent. Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu'ils foulent est fait des cendres de nos aïeux. Pour qu'ils respectent la terre, dites à vos enfants qu'elle est enrichie par les vies de notre race. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes.
Nous savons au moins ceci : la terre n'appartient pas à l'homme; l'homme appartient à la terre. Cela, nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent.
Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre.
Ce n'est pas l'homme qui a tissé la trame de la vie : il en est seulement un fil. Tout ce qu'il fait à la trame, il le fait à lui-même.
Même l'homme blanc, dont le dieu se promène et parle avec lui comme deux amis ensemble, ne peut être dispensé de la destinée commune. Après tout, nous sommes peut-être frères. Nous verrons bien. Il y a une chose que nous savons, et que l'homme blanc découvrira peut-être un jour, c'est que notre dieu est le même dieu. Il se peut que vous pensiez maintenant le posséder comme vous voulez posséder notre terre, mais vous ne pouvez pas. Il est le dieu de l'homme, et sa pitié est égale pour l'homme rouge et le blanc. Cette terre lui est précieuse, et nuire à la terre, c'est accabler de mépris son créateur. Les Blancs aussi disparaîtront ; peut-être plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus.
Mais en mourant vous brillerez avec éclat, ardents de la force du dieu qui vous a amenés jusqu'à cette terre et qui pour quelque dessein particulier vous a fait dominer cette terre et l'homme rouge. Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d'hommes, et la vue des collines en pleines fleurs ternie par des fils qui parlent.
Où est le hallier ? Disparu. Ou est l'aigle ? Disparu.
La fin de la vie, le début de la survivance.
Chef Seattle, 1854

Il est si beau ce discours, tellement plein du désespoir de Seattle qui sait tès bien ce que va devenir la terre...
Mais il savait peut-être aussi que sa pensée finira par nous parvenir (espérons-le).

Merci Esau Cairn !

esau cairn a écrit:

Une transposition est possible, mais si tu narre les chroniques d'une tribu interstellaire extraterrestre ayant par pure coïncidence l'esprit des champs galactiques, tu seras hors sujet.

non, pas de risque de ce côté là. Je voulais savoir plutôt si on pouvait s'inspirer des paroles laissées par les amérindiens et de leur sagesse (en restant bien chez les amérindiens) ou s'il fallait vraiment suivre une légende à la lettre.
Pour la documentation, ce n'est pas un problème, j'ai déjà lu pas mal de trucs par le passé que je pense pouvoir retrouver à la biblio ou ailleurs.
Mais enfin, s'il faut vraiment une légende précise, j'en ai une en tête aussi.
C'est vrai que vous allez faire les civilisations précolombiennes aussi, un jour?

Oui, les civilisations précolombiennes auront leur AT, mais pas tout de suite.

Je pense qu'après les germano-scandinaves, je proposerai les mythes de l'Inde, ou ceux d'Océanie.

Nedeleg a écrit:

Oui, les civilisations précolombiennes auront leur AT, mais pas tout de suite.

Je pense qu'après les germano-scandinaves, je proposerai les mythes de l'Inde, ou ceux d'Océanie.

Océanie? Tiens, je connais pas du tout leurs légendes! A défaut de participer, je le lirai celui-là, interessant de découvrir des trucs nouveaux.
En attendant, je vais potasser un peu pour voir si mon idée se transorme en histoire pour cet AT.

Alors un clin d'oeil vers les Maori :

Ka mate! Ka mate! Ka ora! Ka ora!
Ka mate! Ka mate! Ka ora! Ka ora!
Tenei te tangata puhuru huru
Nana nei i tiki mai
Whakawhiti te ra
A upa ... ne! ka upa ... ne!
A upane kaupane whiti te ra!
Hi !!!
I die! I die! I live! I live!
I die! I die! I live! I live!
This is the hairy man
Who fetched the Sun
And caused it to shine again
One upward step! Another upward step!
An upward step, another.. the Sun shines!!

Est-ce que l'île de Pâques fait partie de l'Océanie, même si elle est rattachée au Chili ?

Au niveau des mythes et des populations, oui, elle fait partie de l'Océanie.

mince je ne me suis pas vraiment inspirée d'une légende, j'ai plutôt inventée la mienne....

Bon ben au boulot alors, pour en faire un autre qui sera plus dans la ligne editorial....

Zut, me souviens plus du titre du livre que j'ai lu sur les amerindiens où il y avait un chapitre qui m'interessait! Hum, c'est pas grave, je devrais le trouver à la biblio, je pense, enfin, j'espère.

Je compte bien participer, moi aussi...

En attendant, je vous conseille deuxouvrages de Lauric Guillaud (spécialiste du fantastique américain, du wild, etc.) : La terreuer et le sacré et Le Nouveau-monde, autopsie d'un mythe ou il narre avec beaucoup d'humanité la "légende de Pocahontas"... En réalité, la possible vérité et la manière dont les puritains l'ont déformée, ainsi que la manière dont les Natifs "bons sauvages" sont devenus de manière fort opportune pour les Blancs des monstres à exterminer (ce sont les termes présents à l'époque)... Des massacres des amérindiens, des rapports parfois bons, souvent terribles avec les puritains, sont nés selon lui la plupart des thèmes de fantastique et de SF - notamment les histoires d'enlèvements, d'hommes-bêtes, etc.

J'ai une question : si on choisit comme base de son histoire la légende de Sedna des Inuit, doit-on fait apparaître explicitement la légende dans le corps du texte ou part-on du postulat que la légende est déjà connue ?

Comme tu le souhaites.

Ces mythes étant vraiment très peu connus, le côté didactique peut être intéressant, mais si tu crains que cela n'alourdisse ton récit, alors fais comme si c'était connu (mais donne les clefs essentielles qui permettront de rattacher le récit au mythe sur lequel tu t'appuies).

De toute façon, je songe à faire précéder les nouvelles d'une petite mise en perspective, lors de la publication

Dès le début, il y a des références à la légende de manière à ce qu'on comprenne le rôle de Sedna sans la connaître au préalable. Je pense que ce sera suffisant. Merci pour ces précisions!

Nedeleg a écrit:

Ces mythes étant vraiment très peu connus

Sauf pour les brestois! Il y a une exposition sur cette légende à Océanopolis. Bon, j'avoue que je m'y intéresse tout particulièrement, entre ça et le musée de Montréal...

C'est quoi un Inuit ? Montréal c'est en face de Brest ? Les lecteurs Argemmios vont avoir du mal à s'instruire dans ce musée.

et si je décide de reprendre plus des éléments de la vie des peuples amérindiens (le côté initiatique, les rites) en les connectant avec leur philosophie (le respect de la terre, la proximité de la nature et le côté animiste) le tout matiné d'un peu d'histoire, est-ce que ça cadre, ou bien faut-il vraiment avoir pour base un mythe particulier?
Sinon, se baser sur un événement comme la désertion des mesa ou la dispartion des anasazis est-il possible?
Voilà autours de quoi tournent mes réflexions pour cet AT.

Tu peux partir de ce que tu veux, l'avatar, dans la mesure où l'élément surnaturel/merveilleux qui rattache ton texte à la ligne éditoriale trouve sa source dans la mythologie ou le folklore amérindien.

Si ton histoire de disparition des anasazis est provoquée par des martiens, tu es hors thème. Si elle est causée par des créatures mythologiques, le grand Manitou (ou ce que tu veux tant que c'est lié au folklore/mythes de la tribu que tu évoques), tu restes dans le thème.

Dur dur, avec un univers aussi peu connu...

Si on exploite un élément un peu connu, on a peur que la majorité des auteurs proposent quasiment la même chose (moi j'aimerais bien exploiter un chaman paske ça fait des années que je trouve ça cool à jouer dans les JDR loup garou, mais je sens que tout le monde va faire la même chose).

Et si on part dans les mythes inconnus, on a peur que personne panne rien, ou ne s'y intéresse pas (trop cryptique toussa), et en plus on a peur que tout le monde pense la même chose et que finalement, bin le chaman (ou équivalent), personne ne l'ai fait.

Cruel dilemme (lemme).
Quand on allait se faire voir chez les grecs, au moins, y avait tout un tas de mythes que tout le monde connaît sans forcément y penser de suite ^^

J'veux dire, je pourrais mettre un chaman avec une situation peu connue originale et qui déchire (wé, je me surestime et je vous quiquine), mais si tous les héros de l'antho sont des chamans, ça ferait un peu répétitif quand même.

Ou alors une histoire de super héros. Après superman, spider-man, et batman... Chaman. L'homme-cha. Oh wai ça déchire des nounours totémiques ça.

Le texte proposé doit-il vraiment baigner d'un bout à l'autre dans la mythologie et/ou le fantastique ? Ou peut-il être ancré dans la réalité jusqu'à la chute et finalement laisser planer le doute sur l'intervention d'une créature mythologique?

Le fantastique todorovien est accepté

Mais à condition d'être lié à un mythe.

A ma grande honte, j'ai été obligée d'aller chercher ce qu'était le fantastique todorovien...
Merci patronne de m'enseigner !