Aimez-vous qu'on vous tienne la main ?

Je me souviens d'une discussion avec un auteur qui me disait qu'il ne fallait jamais prendre son lecteur pour un imbécile et qu'il fallait lui donner un peu de boulot de réflexion quand on écrivait un texte. Parallèlement, il m'est arrivé lors de phases de correction de trouver qu'on me demandait de trop lisser mon histoire, comme si on avait peur que le lecteur se décourage au moindre obstacle. Je me rends compte au final qu'en tant que lectrice, je n'aime pas trop qu'on me tienne trop la main (je suis en train de lire un livre qui malgré sa très bonne critique, me donne un peu cette impression). Je préfère de beaucoup un livre où je ne suis pas tout à fait sûre d'avoir tout compris à la fin, qui prête à des interprétations diverses, voire des relectures, qu'un livre qui m'explique bien tout (voire me le remâche), histoire d'être sûre que j'ai compris l'histoire exactement comme l'auteur voulait que je l'interprète. Ces livres-là me privent de la possibilité de me les approprier et ça me frustre.
Et vous, quel genre de lecteur êtes-vous ?

Ah, là nous divergeons. Lorsque je finis une lecture en ayant le sentiment de ne pas avoir compris avec certitude où le lecteur voulait en venir, j'ai l'impression d'être une parfaite idiote (et ce n'est pas valorisant). Si j'ai l'impression qu'un texte peut se comprendre de plusieurs façons, et que je n'ai pas reçu assez d'éléments pour trancher, alors je ressens une horrible frustration et je déteste ça. Un peu comme si je lisais un roman policier et qu'on ne me donnait pas de réponse certaine quant à l'identité du coupable.

Ce n'est pas que je veuille qu'on me tienne la main : si c'est trop téléguidé, c'est un peu ennuyeux. Je n'aime pas deviner la chute trop longtemps à l'avance. Mais je veux qu'on ait pensé à mettre tous les indices dans le texte. Quitte à ce que je ne sache les repérer qu'à la seconde lecture. Mais au moins, qu'ils y soient.

Pour moi, cela va dépendre de ce que j'attends du livre.
Si c'est une histoire à structure typique - un conte (au sens strict), un polar "classique", une quête fantasy,... - je sais ce qui m'attend et c'est ça que je veux. Je n'apprécie pas du tout une sortie de route que je ressens comme une méconnaissance du genre par l'auteur et une traitrise par rapport à mes attentes.

Si la couleur de structure n'est pas annoncée dans les premiers chapitres, il ne me déplait pas de devoir faire un petit effort pour bien comprendre, mais je veux comprendre.

Dans les 2 cas, je n'aime pas du tout que l'on m'explique/rabâche ce que j'ai déjà compris. Le problème c'est que selon mon état de fatigue, je comprends plus ou moins vite et que donc ce qui me sera un indice indispensable quand je manque d'attention sera du rabâchage lourd quand j'ai l'esprit vif.
Pôv auteur !

Macada a écrit:

Dans les 2 cas, je n'aime pas du tout que l'on m'explique/rabâche ce que j'ai déjà compris.

C'est le sentiment que j'ai avec le livre que je suis en train de lire. L'envie de dire "Ok, coco, j'ai compris. On passa à autre chose ?"

Nedeleg a écrit:

Ah, là nous divergeons.

Tant mieux, ça illustre ce que je me disais. C'est à dire que ce qui peut me plaire à moi peut agacer souverainement d'autres lecteurs.
Par contre, je ne suis pas sûre que nous divergions totalement. C'est peut-être moi qui me suis mal expliquée. Je n'aime pas du tout quand j'ai l'impression qu'un auteur n'a pas trouvé de solutions aux mystères qu'il a lui-même posés. Je crois que c'est même ce que je déteste le plus. Comme une sorte de pub mensongère. Tu es en attente durant tout le roman, il y a du suspense, du mystère, tu essaies de deviner comment l'auteur a pu nouer tout ça à la fin pour que ce soit cohérent et en fait... ben il l'a pas fait. Là, c'est en tant qu'auteur que ça m'énerve parce que ça sent trop la facilité, le suspense à bon marché.
Par contre si on parle de livre métaphorique, j'aime qu'on me livre des métaphores que je puisse ensuite comprendre à ma sauce. Disons pour résumer que je ne suis pas fan de la morale façon La Fontaine. Genre je vous raconte une histoire et je vous dis bien comment vous devez l'interpréter.

Ah ok. Du coup, effectivement, nous ne divergons pas